Gymnopédies, sélection de « Le Monde »
À écouter cette semaine, un réjouissant programme consacré au compositeur des « Gymnopédies » par le pianiste Denis Pascal …
Avec Erik Satie, maître de la pose élégante et du saut de côté, tout est affaire de distance. Trop près (des notes, de la mélodie hypnotique) et l’expression verse dans le maniérisme. Trop loin (du rythme, de la répétition obsédante) et l’ensemble sonne creux. Denis Pascal se situe toujours dans l’entre-deux qui sied idéalement au compositeur des célèbres Gymnopédies. Le pianiste au toucher mirifique éclaire de mille feux le paradoxe d’un artiste qui tient tout à la fois à afficher sa différence, avec fierté sinon dédain, et à toucher, à émouvoir, avec candeur. Denis Pascal libère les Gymnopédies de leur orbite soi-disant mécanique comme des figures de manège appelées à défiler sans tourner en rond. Les Gnossiennes bénéficient d’une interprétation tout aussi fascinante. Quant aux autres pièces de ce réjouissant programme, elles donnent l’impression d’être nées pour accompagner des films muets aux titres évocateurs, du Désespoir agréable à La Diva de l’Empire.
Pierre Gervasoni
Source : Le Monde