Jean Wiéner Blues

« Depuis hier, je revois cette chose noire et blanche qui bouge, et ça fait de la musique… »
J. Wiéner, « Allegro Appassionato »

Wiener Blues album interprétation Denis PASCALAu début des années 1980 à Albi, un petit homme très pâle qui semblait être très important pour le public et pour tous les grands artistes qui l’entouraient, Jean Wiéner, se produisait sur scène peu de temps avant sa disparition. J’étais alors trop jeune pour comprendre qui était ce génial musicien, mémoire vivante des grands bouleversements du XXe siècle, de l’histoire de la musique, et certainement l’un des plus actifs promoteurs de la diffusion musicale en France. Les noms de Fauré, Debussy, Satie, Schoenberg, Gershwin, Ravel, Stravinsky, Boulez, mais aussi Sancan, Desnos, Doucet et Pierre Cornevin, allaient bientôt se mêler et me raconter une nouvelle « histoire sans parole… », celle de la magie du piano et de la beauté du métier de musicien.
Jean Wiéner est un musicien prodige, formé à toutes les disciplines. Il a porté un regard particulier sur le siècle : parfois critique, sa description passionnante de la vie musicale et artistique reste un témoignage unique et essentiel.
Jean Wiéner est heureux ! Il est pourtant le musicien de la nostalgie et de la douceur, et c’est bien cette douce mélancolie et singulière beauté qui irradient de toute son œuvre comme plus tard de celle de Vladimir Cosma dont le lien avec Wiéner fut essentiel. Histoire de France, première des Quatre petites pièces radios est à mon sens l’une des plus belles mélodies qu’il ait écrites, emblématique de son langage, tout comme l’énigmatique Sonate pour violoncelle et piano (1970), l’un de ses derniers chefs-d’œuvre.
La musique de Wiéner est un rêve, jusque dans son étrange Sonatine Syncopée dont les redoutables difficultés et les angles acérés ne sont que l’écrin qui rend plus précieux le « Blues » central. Le blues, la musique Afro-américaine et ses musiciens fascinent Wiéner. Le spleen, disparu avec « l’après Debussysme » et les noirceurs du XIX siècle, n’est pas le blues, mais il renait à travers ce dernier en une manifestation éclatante de la douleur et du déchirement. Jean Wiéner en est le passeur.

« Ce que nous aimons dans le Jazz, c’est qu’il nous apporte sa douleur et qu’on s’en f… »
Erik Satie

Et voilà …

Denis Pascal


Wiener Blues album interprétation Denis PASCALJean Wiéner Blues
Blues, Haarlem, Quatre petites pièces Radio, Sonate, Trois danses, Sonate pour violoncelle et piano …
Denis Pascal | piano
Marie-Paule Milone | violoncelle

→ Sortie du disque le 8 Septembre 2023