Sortie Disque – DUMKY Trio Pascal
ÉLÉGIE

Couverture du disque "Dumky" par Trio PASCAL
Le mythe d’Orphée a désigné depuis la nuit des temps la musique comme l’expression supérieure de la douleur et des larmes. La catabase orphique semble être le ferment essentiel de l’inspiration des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, et particulièrement de la musique. Ces chefs-d’œuvre constituent la manifestation de nos plus hautes aspirations ; ils élèvent l’âme, transcendent ainsi les souffrances de l’arrachement, de la séparation et de la mort.
Ainsi Jean Sébastien Bach et le sublime pouvoir consolatoire de sa musique, ou bien les opéras de Mozart et l’extraordinaire lumière dont il éclaire les moindres nuances des sentiments humains. La joie qui préside à leur création et à leur interprétation est une réponse à nos limites, un horizon toujours renouvelé, un effacement de la finitude. Elle fait des musiciens des voyants, poètes, témoins définitivement tournés vers la lumière.
Anabase et larmes de joie. Il n’y a donc aucune morbidité dans l'Élégie op. 23 de Josef Suk : sa douceur et la tranquille beauté de ré bémol majeur la place en complète opposition aux élégies françaises et russe, Suk — qui connaît l’ange de la mort — signe ici l’une des plages les plus limpides et lyrique du répertoire pour trio.
Aucune complaisance non plus dans les sublimes Dumka de Dvořák, ni même dans le vibrant trio op. 15 de Smetana, dont l’écriture fut dictée par le spectre d’une enfant perdue. Rien d’autre donc que de la joie et de la lumière. Nul n’est besoin pour le trio de pleurer l’interprétation de ces œuvres en un pléonasme expressif. Elles deviennent déchirantes seulement si la lumière les accompagne, et cette lumière est en partie l’intime joie de partager la beauté de la musique et non plus sa douleur.
Cette juste joie demeure, précieuse, intemporelle et éternelle, elle n’appartient à aucune nation, aucun pays ; elle n’appartient même plus au compositeur. Danses, Dumka, Berceuses et Marches, semblent contenir un message universel que chacun de nous recevra comme la réponse à sa recherche, un écho d’un lieu cher tel que nous le murmure Dvořák dans son op. 55 n°4 « Když mne stará matka zpívat učívala » (Les chansons que m’apprenait ma mère).
Denis Pascal
Dumky
Dvorak / Suk / Smetana
Trio Pascal
Prise de son et direction artistique, montage, mixage et mastering : Christoph Martin Frommen
→ Se procurer le disque à partir du 14 novembre 2025