Le pianiste Denis Pascal en récital à la Salle Gaveau

Denis PASCAL en concert à la salle GaveauTrois compositeurs au programme du pianiste Denis Pascal, en récital à la Salle Gaveau : Erik Satie, Frédéric Chopin et Claude Debussy.

Dans son ballet Parade, en bon provocateur, Erik Satie n’hésite nullement à introduire comme instrument supplémentaire dans son orchestration une machine à écrire, dont la présence est improbable, farfelue et imprévisible. Si cet esprit ironique, se plaisant à mettre un terme aux idées convenues ne réitère pas ce genre d’incongruités dans ses Pièces pour piano, ces dernières ne renoncent nullement à y afficher d’autres éléments à l’effet dévastateur. Car comment faire face au choix d’Erik Satie de nommer ces dernières avec des noms tels que Embryons desséchés, Véritables Préludes Flasques ? Denis Pascal fait son choix dans ce labyrinthe d’Erik Satie où le farfelu s’oppose constamment au grotesque et même au sublime, désarçonnant avec une malice incroyable, doublée d’une ironie féroce, un public pourtant bien informé sur l’œuvre d’Erik Satie.

Denis Pascal réserve à l’auditoire de la Salle Gaveau de nombreuses surprises pour ce qui concerne l’œuvre de Claude Debussy qui s’invite également dans la première partie de ce récital. En effet, au lieu de puiser dans la liste impressionnante des Préludes, il s’oriente vers le Livre 2 des Images, nous dévoilant ainsi un Claude Debussy peu conventionnel, toujours à la recherche d’images sonores hautement imprévisibles, frôlant en permanence, des univers impalpables, semblant surgir d’une irréalité teintée de couleurs sonores tout à fait inédites.

Le dernier compositeur choisi par Denis Pascal couvrant pratiquement la dernière partie de ce récital n’est autre que Frédéric Chopin. Denis Pascal opte pour des Pièces conformes au choix habituel que de nombreux pianistes mettent au programme de leurs propres récitals mais en y incorporant certaines autres peu jouées. Denis Pascal n’hésite guère à introduire dans son choix la Ballade op.52, le Nocturne op.27 N°2 ou la Fantaisie op.61.

Aussi à l’aise dans l’univers loufoque, chargé d’ironie destructrice de Satie que dans celui baignant dans le brouillard de Claude Debussy, Denis Pascal imprime aussi sa marque dans celui purement émotionnel de Frédéric Chopin.

Un récital étonnant de Denis Pascal, percutant dans Satie, chatoyant dans Debussy et baignant avec émotion dans l’irrationnel généré par l’œuvre de Frédéric Chopin !

Michel Jakubowicz

Source : On-Mag.fr